45.859157 N 6.798293 E - Mont Blanc, France

UTMB: La Course en Tête

Trail

Photography by: Alexis Berg
D’habitude, j'aime photographier les paysages en grand et les personnes en tout petit, mais pour un livre, je préfère me concentrer sur l’humain.

Au cours des 20 dernières années, les meilleurs traileurs au monde se sont alignés au départ de l'UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc). Alexis Berg a photographié dix de ces éditions et suivi les athlètes aux deux extrémités du peloton pendant qu'ils tentaient de terminer ce qui est devenu, pour beaucoup, l'événement le plus prestigieux de l'ultra running.

Tandis que les athlètes se préparent à fêter le vingtième anniversaire de la course, Alexis Berg publie son point de vue unique dans La Course en Tête, une série d'interviews et de photographies époustouflantes qui mettent en lumière l'évolution de l'UTMB et du trail running en général.

"Cela faisait longtemps que je voulais écrire un livre sur l'UTMB", se souvient Alexis Berg, alors qu'il se prépare pour l'édition 2023. "Il y a tellement d'histoires à raconter.”

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"Pour La Course en Tête, nous avons interviewé tous les anciens vainqueurs. Il s'agissait de longues interviews car nous ne voulions pas nous contenter de donner un aperçu de qui sont ces personnes. Nous voulions creuser davantage la course, les athlètes et le trail en général.”

"Nous avions la conviction qu'en discutant avec les 22 vainqueurs des 20 dernières années, nous pourrions donner aux gens un aperçu de l'évolution de ce sport. L'UTMB a changé la course à pied à bien des égards et, pour nous, ce livre était un moyen de raconter l'histoire récente de l'ultra running et des épreuves d'ultra trail.

L'UTMB et l'évolution du trail running

Après des débuts relativement modestes en 2003, l'UTMB s'est imposé comme l'un des événements de trail les plus importants du calendrier, si ce n'est le plus important. Ce qui a commencé comme une course de 171 km qui suivait l'itinéraire du Tour du Mont Blanc est devenu un festival de huit jours qui attire chaque année plus de 10 000 coureurs au mois d'août à Chamonix .

De la PTL (course par équipe) de 300 km à l'ETC de 15 km, l'UTMB propose un éventail de courses qui conviennent aux athlètes de tous âges et de tous niveaux. Mais c'est l'UTMB éponyme qui est le point culminant de ce festival.

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Ce parcours technique et difficile, qui traverse trois pays avec un dénivelé positif de plus de 9 963 mètres, est presque aussi exigeant que la course en elle-même. Avec des critères d'inscription stricts qui imposent des épreuves de qualification suivies d'un système de tirage au sort très compétitif, les 2 500 athlètes qui prennent le départ de la course ont assurément le trail dans le sang.

Cette course ne ressemble à aucun autre trail dans le monde. Et c'est voulu.

"Dès la première course, les organisateurs ont eu l'ambition de changer le trail running", se souvient Alexis Berg. "Le sport n'était pas structuré, il n'y avait pas de grands événements avec de longues listes de participants. Aujourd'hui, plus de 2 000 coureurs sont sur la ligne de départ. Il y a la télévision, des hélicoptères qui couvrent la course et des événements en parallèle. Ce sport a évolué, et l'UTMB l'a changé.”

Qu'est-ce qui fait un vainqueur de l'UTMB ?

Si l'UTMB a incontestablement changé le monde du trail, Alexis Berg a voulu savoir, lors de ses entretiens avec les anciens vainqueurs, si le type d'athlète qui remportait la course avait également changé.

"Entre les entretiens, nous avons constamment discuté des points communs et des différences entre les vainqueurs. Nous avons essayé de comprendre ce qui rend quelqu'un extraordinaire un jour donné.

"Ce sont tous des gens extraordinaires, mais ils sont tous très différents.

Quand on regarde les 22 vainqueurs de l'UTMB, il y a beaucoup de "montagnards", parce que c'est une vraie course de montagne. Même si le sport a changé et que l'on voit arriver depuis peu des coureurs d'athlétisme très rapides, ils ne gagnent généralement pas la course. Ceux qui gagnent l'UTMB sont des montagnards".

Mais si ces athlètes sont incontestablement uniques, ils ont un point commun : "Lorsqu'ils ont gagné la course, ils n'étaient pas là uniquement pour la gagner. Ils essayaient d’aller au bout, mais ils n'avaient pas besoin de gagner. Pour réussir à l'UTMB, il faut être libéré de la pression de la victoire.

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"Beaucoup d'entre eux, et j'ai trouvé cela intéressant, avaient échoué à l'UTMB. Ils avaient abandonné ou n'avaient pas fait ce qu'ils voulaient lors des éditions précédentes. Ils ont trouvé un moyen de gagner alors qu'ils étaient peut-être blessés, ou ils étaient aux abonnés absents avant la course et n'avaient pas dit qu'ils allaient y participer. Ils avaient tout simplement moins de pression.

"Il est de plus en plus fréquent que la pression autour de la course soit si forte que les vainqueurs trouvent le moyen de faire leur propre course.

Les coureurs de nuit. Photographie réalisée par : Alexis Berg

Une championne aussi unique que solitaire

Tout au long du processus de rédaction de La Course en Tête, Alexis Berg s'est entretenu avec de nombreux athlètes de haut niveau. Mais l’une d’entre eux l'a particulièrement fasciné. Colette Borcard a remporté l'édition 2004 de l'UTMB alors qu'elle n'avait que peu, voire aucune, expérience de la longue distance. Après sa victoire, elle a quelque peu disparu de la "scène" de l'ultra.”

"C'était le nom le plus mystérieux de notre liste. Personne ne la connaissait", se souvient Alexis Berg. "Nous avons vraiment eu du mal à la contacter. Les organisateurs de l'UTMB n'avaient pas eu de nouvelles d'elle depuis des années. J'ai demandé à tous les coureurs de mon entourage et personne ne la connaissait. J'ai fini par trouver un article avec le nom d'un membre de sa famille, et je lui ai envoyé un message sur Facebook. Ils m'ont répondu et m'ont donné le numéro de son mari car elle n'a pas de téléphone. Quand je l'ai appelé et qu'il m'a dit d'accord, je lui ai dit que je serai là dans deux jours pour être certain de la rencontrer.”

"Nous sommes donc allés en Suisse et c'était incroyable. Elle est tellement éloignée du microcosme de ce sport.”

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"Et son histoire… Je ne vais pas tout dire parce que l'interview est dans le livre, mais elle n'avait pas couru d'ultras avant de courir l'UTMB. C'était une spécialiste de la course de montage. En Suisse, il y a une tradition de courses courtes et rapides de 15 à 20 km. C'est dans ce contexte qu'elle a décidé, à l'âge de 40 ans, de courir l'UTMB au cours de la deuxième année de la course. Elle s'est entraînée sans avoir couru la nuit, elle n'avait jamais couru avec des bâtons, et elle a gagné.

Alors que l'UTMB s'apprête pour une nouvelle édition, Alexis Berg a une semaine chargée devant lui. La sortie de La Course en Tête est un événement majeur, mais il photographiera également la course, soit plus de 24 heures sans sommeil au cours desquelles il marchera et courra sur une distance de 20 à 30 km, tout en suivant les leaders qui traverseront la France, l'Italie et la Suisse.

Ce sont des athlètes au sommet de leur art, tous désireux d'ajouter leur nom à la liste des 22 vainqueurs précédents de cette épreuve déterminante pour leur carrière. Tous ont une histoire unique à raconter.

La Course en Tête est actuellement disponible en précommande.

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