The NWC Challenge, ou la joie de rouler ensemble en luttant contre le cancer
Vélo
, by Foucauld Duchange
En 2016, lorsque Moritz Werner perd sa femme Nicola d’un cancer foudroyant du col de l’utérus à l’âge de 54 ans, causé par le virus du papillome humain (VPH, ou plus communément papillomavirus), il fait voeux de consacrer son énergie à ce que d’autres n’aient pas à endurer la même chose.
Quelques mois plus tard, ce cycliste de toujours décide alors de solliciter la communauté cycliste et s’élance en compagnie d’une poignée d’amis autour d’un objectif simple : partir de Paris ensemble, rouler ensemble et arriver à Cabourg ensemble pour savourer l’instant présent. Le Nicola Werner Challenge est né. L’année suivante, d’autres personnes se joignent à l’aventure pour soutenir la recherche contre les cancers liés au papillomavirus et, sept ans plus tard, ce qui est devenu The NWC rassemble plus de 800 cyclistes pour un total de 100 000 € de contribution annuelle à cette noble cause.
Le papillomavirus est un virus courant et au moins la moitié des personnes sexuellement actives en seront atteintes à un moment ou à un autre de leur vie. Si certaines affections se résorbent d’elles-mêmes, environ 500 000 cancers causés par le papillomavirus sont diagnostiqués chaque année. Pour lutter contre ce fléau, seule la vaccination est efficace. Elle permet d’éviter plus de 80 % des cas.
Pour Moritz Werner, le NWC repose sur trois aspects : “nous roulons pour les personnes qui souffrent du cancer, nous roulons pour soutenir la recherche contre ces cancers et nous roulons pour vivre l’instant présent, ce que Nicola aimait symboliser par la devise “Live the music that is playing within you”. Ces trois aspects sont indissociables car rouler pour soutenir les malades sans apporter notre contribution à la recherche contre leur maladie ne servirait à rien et entreprendre cela sans célébrer la vie, c’est-à-dire cet instant où nous sommes justement rassemblés pour faire ce que nous aimons, manquerait de sens.”
Le principal événement a lieu chaque deuxième week-end du mois de septembre, au départ de Paris. Chaque participant peut choisir entre quatre distances sur route (70, 150, 220 et 300), deux distances gravel et plusieurs groupes d’allure encadrés par des ride leaders. Les départs sont coordonnés de manière à ce que tous les groupes puissent se retrouver autour d’un déjeuner au Barn Hôtel, au cœur du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse.
“J’ai vu des gens qui ne faisaient pas de vélo avant leur première participation revenir l’année d’après pour faire leur premier 100 ou 200 km, d’autres qui ont eu envie de se mettre au sport ou d’arrêter de fumer pour en profiter davantage, mais le plus beau, ce sont les histoires de couple,” précise Moritz Werner. “Nicola aimait le vélo, mais je restais bloqué dans mon approche purement sportive. Quand on grimpait un col, je m’énervais quand elle voulait s’arrêter prendre une photo ou cueillir des fleurs. J’ai compris bien trop tard que ce qui comptait ce n’était pas le vélo mais de rouler ensemble. Alors quand je vois qu’après avoir fait le NWC juste pour venir au déjeuner une femme a envie de rejoindre son conjoint dans sa passion ou qu’un homme découvre que ce qui compte ce n’est pas la moyenne ou la distance mais le temps passé avec sa conjointe, je me dis que c’est gagné.”
Si les maillots dessinés spécialement pour chaque édition ne passent pas inaperçus, le NWC est avant tout symbolisé par la petite plaque que chaque participant est invité à fixer sur son vélo. Là où figure d’ordinaire un numéro de dossard, chacun est invité à indiquer le nom de la personne pour laquelle il roulera pendant l’événement. “Remise en main propre par ma fille, ces cartes ne sont pas qu’un souvenir de l’événement : elles indiquent que vous n’êtes pas un numéro parmi d’autres mais bien une personne qui roule spécifiquement pour une autre personne. C’est également un rappel que même au bout de l’effort, nos souffrances ne sont rien en comparaison de celles des malades du cancer.”
Alors que l'événement grossit d’année en année, Moritz et les bénévoles de son association ont fait le choix de limiter le nombre de participants à Paris au profit d’un développement dans d’autres villes du monde. “Pour cette édition, nous avons des rides organisés dans huit villes de France, mais aussi à Berlin, Munich, Seattle, Philadelphie, Londres, Saïgon et même La Réunion. C’est vraiment génial !”
Au lieu d’un tarif d’inscription intégrant un don de base, Moritz préfère encourager les cyclistes à faire un don libre à l’association : “Lorsque vous êtes malade du cancer, vous n’êtes pas en position d’exiger, ce sont les autres qui vous donnent. Participer au NWC, c’est donc se poser la question de ce que l’on est prêt à donner pour aider les malades, au-delà de s’offrir ce bon moment à pédaler et déjeuner ensemble dans un bel endroit.” 80 % des dons sont ensuite reversés à deux instituts de lutte contre le cancer : l’institut Gustave Roussy à Paris et le centre de recherche Heidelberg en Allemagne. Le reste permet simplement de financer la participation à l’évènement et de contribuer au fonctionnement courant de l’association.
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Foucauld Duchange